• Les journées de couleur du lycée Prévert

    Proposer à l'ensemble des acteurs du lycée Jacques Prévert de participer à une Journée sur le thème d'une couleur c'est d'abord créer un moment festif et convivial au milieu de l'année scolaire.

    Comme la Journée rose du 11 mars 2004, la journée verte du 21 mars 2013 ou la journée noire du 19 mars 2015, cette action emprunte largement au travail de l'artiste Joël Hubaut qui depuis 1996 développe un art participatif autour de Chantiers Interactifs, sortes de sites monochromes où le public local est invité à intervenir dans ce qui prend l'aspect d'une performance collective et éphémère. Le processus relationnel mis en place est toujours identique : 1/ une annonce et une invitation faites à l'avance au public, 2/ un lieu, une pièce où chacun pourra venir déposer un objet de la couleur choisie, 3/ une organisation plastique des divers objets, vêtements, images... par l'artiste dans une sorte de mural qui servira de décor, 4/ le jour dit le public volontaire, vêtu de la couleur choisie, vient participer à l'événement et pose dans une composition photographique, signée par l'artiste qui seul regarde l'objectif, 5/ une image est produite et offerte aux participants.

    Les couleurs dont on revêt les objets, les intérieurs ou les vêtements et particulièrement les plus vives et primaires, ont d'abord bien sûr un aspect plaisant et esthétique. Elles participent à la notion de goût, qu'il soit personnel ou collectif. Cependant si on étudie l'histoire de leurs usages (voir les écrits de Michel Pastoureau) on s'aperçoit que chacune des couleurs fondamentales est dotée, en fonction des époques, des civilisations, des pouvoirs en place, des modes..., de connotations très différentes. « La couleur n'est pas tant un phénomène naturel qu'une construction culturelle complexe » (Michel Pastoureau dans Le bleu). Ainsi par exemple si le noir est souvent associé au deuil et à la mort, il a pu incarner également la tempérance ou l'autorité ; non couleur pour les physiciens, couleur pour les peintres, le noir triomphe au XXème siècle dans la mode et l'élégance.

    Cet usage artistique, social ou politique de la couleur peut prendre des aspects insupportables lorsqu'elle est employée pour discriminer ou classer les individus. Voir comment les régimes politiques, souvent les plus dictatoriaux, s'emparent d'une couleur comme d'une identité pour mieux écarter ceux qui n'en sont pas dignes (le KKK, les nazis, les fascistes, etc...).

    Ainsi aussi festive soit-elle, une telle journée peut nous inviter à réfléchir sur l'usage que nous faisons de cette couleur dans notre quotidien, sur les connotations qui lui sont attribuées par le contexte social ou politique, par l'histoire ou la mode. A ce titre le mural d'objets que voudront bien constituer les élèves et les adultes du lycée pendant quinze jours sera révélateur des relations que nous entretenons avec cette couleur. De même la performance collective, si elle est d'abord conviviale, pourra nous alerter sur certaines notions à rapprocher de l'usage collectif d'une couleur, telles que pouvoir, morale, assimilation, discrimination, formatage.

  • 19 mars 2015

    Journée noire au lycée Prévert

ESPACE D'ART ACTUEL - Lycée Jacques Prévert - 27500 Pont-Audemer